quand la poésie ne fait pas vivre
mais qu’on a un travail !!!!……ah travailler en été
……
Pause au ministère
De toutes les choses à
faire,
le temps des listes est
révolu,
la page demande un
sursis
la page réclame la
vie ;
et la femme des petites
affaires
la sous-sous-chef des
affaires secondaires
se
métamorphose,
pirouette qui
ose
l’affront
d’une brave pause.
Elle prend son plus beau
stylo.
Non elle n’écrit
pas au président, ni même au chef de bureau.
Elle mâchonne un peu de
temps
et écrit « ne pas
déranger »
sur ses yeux
pensifs.
Une mouche ne daigne pas
se poser, très affairée,
et bourdonne dans
l’atmosphère
des choses à faire et à
régler.
L’été est dans
l’air
dans le monde des
affaires
et la courbe des
bénéfices a un sourire positif.
Que va-t-elle écrire
…
Madame des ronds de cuir
… Madame du profond soupir …
D’une large
écriture, elle tente l’aventure
D’un vers timide et
naïf.
Elle repousse du regard
la lettre au banquier
et l’agenda et le
calendrier.
Un mot pour commencer qui
effleure sa pensée :
« Va »
V.A.
Deux majuscules et un
ordre d’obtempérer.
« Va ton beau
chemin. »
et le papier offre sa
bouche
et le papier offre sa
main.
Poète, son cœur
volette jusqu’au plafonnier,
et assise à son grand
bureau
elle écoute son tire
d’aile.
Ainsi s’ouvre la
fenêtre
Ainsi glisse le rideau,
sur la pile des dossiers.
« Va,
va… »
et elle plante là les
urgents travaux, et les courriers pêle-mêle..
« Va,
va,
Va ton chemin
beau. »
Ainsi s’échappent
les mots en impétueux crescendo.
Adieu monde si
sérieux
des uniformes
orgueilleux.
« Va, va ton chemin
bleu. »
dit la voie
hiérarchique.
Ainsi naît le
poème
de madame la
bohême
qui rêvasse au milieu des
paperasses
des très importants
messieurs,
et rédige la note-express
d’un chemin creux
très
bucolique.
michèle rosenzweig
« le panier aux mots »