l’atelier de l’artisane: le cerisier

le cerisier le-cerisier.jpg

Le
cerisier

Tronc- Branches- Ecorce- Bois- Striures rugueuses-
Anneaux de croissance- Ecartèlement en croix- Poussées
horizontales- Elégance de la courbe- Diminution des circonférences-
Jusqu’au rameau, à la brindille- Squelette et chair- Mais le
vert fond dans la lumière, mais le vert croque sous la dent de
l’ombre. Atteint de frémissements tranquilles. Dentelures
discrètes- Bouquets de feuilles- Endroits, envers- Brillance et
matitude- Habit- Quelques rondeurs menues et
roses-rouges :cerises- Rares- Replètes- Cœurs pas assez
mûrs que les merles ont dédaigné- Bijoux- Le cerisier,
l’été.

Tout d’un coup, le vent. Et l’arbre rit de
son bruissement. Le rire se propage, puis sourit, puis se ferme. Le
vent est tombé. Silence d’oiseleur, dans les pépiements
d’hôtes proches. Le cerisier, l’été. Je suis assise à
son pied, le regard vers les hauteurs. Contemplation de sieste,
disséquant les sensations, décortiquant les images. Le cerisier,
l’été.

michèle Rosenzweig- l’atelier de l’artisane -2009

poésie en prose

Eclosions : ritournelle

ritournelle ritournelle.jpg

Ritournelle

 

Quelle est cette étourdie qui vers les nues
sourit ?

Quel est ce bois de rose que le sculpteur
arrose ?

Quel est cet étourneau qui picore les blés
hauts ?

Je suis cette étourdie

Je suis ce bois de rose

Je suis cet étourneau

Mon regard vers le ciel c’est une
prière

Mon écorce, ma sève c’est ma joie
d’aimer

Ma faim, ma soif c’est cette foi

Qui tour à tour bataille et se repose.

Dans le ventre des mères pousse la semence

Et sur leur sein chaud s’endort le
nouveau-né.

Dans la froideur des pierres

Se taillent les silex

Pour allumer les feux d’hiver

Dans le silence des arbres

Bruissent les feuilles au vent

Dans l’infini des étoiles

Se meurent des galaxies

Dans ma main courageuse

Se façonne mon œuvre lente.

Ma chaleur, mon silence, mon infini, ma
main

Tout se tait soudain

Rassasiée

Sevrée

Dans l’univers, je resplendis

Ta créature, mon Dieu

Te loue d’être en vie

Michèle Rosenzweig- éclosions – 2000 

Mémoire de toi

mon le mon-ile.jpgMémoire de toi 

acrylqiue sur toile

tentative de restitution d’un portrait de mon amour
décédé, fait de mémoire . à l’acrylique et au couteau
.

tout un travail de deuil…….

 

 

Mon île

Monde laid monde
odieux

tu sens la
pourriture

je veux encore humer
les oiseaux.

 

 

Dans tes yeux mon
amour


L’eau est si claire qu’on y voit des poissons
nonchalants


Le sable crisse et la peau se drape de
vent.

 

Dans tes yeux mon
amour


La lumière est vraiment la lumière pour s’y
dénuder


La nuit est vraiment la nuit pour s’y
blottir

 


Tes yeux mon amour

Sont ma cabane chaude
après le sentier

 


Tes yeux mon amour

Sont mon nid de
plumes pour un oiseau écoeuré

Des villes des cohues
et des bombes

Ils sont mon
firmament inviolé

Mes neiges éternelles
mes pics intouchables

Où seule je peux
errer

Où propre je peux
reposer

Où vulnérable je
cueille mes corbeilles de beauté.

 


Tes yeux mon amour

Sont une offense à
leur monde

Traqué essoufflé et
torturé

A leur monde à
l’affût.

 

Dehors je suis la
proie.

Dans tes yeux il y a
toi et rien que nous deux

Terrier providentiel
pour deux lièvres pistés

 

Dans tes yeux mon
amour

 

Coule la
source

Coule la
sève

Coule l’élixir
de mon insouciance
.

 

Michèle Rosen (rosenzweig)- le
pain et la faim -1990

Cocagnes : mathématique élémentaire

mathmatique lmentaire mathematique-elementaire.jpg

Mathématique élémentaire

Alphabet  

26 lettres

Année
365 jours

Humains     

4 milliards …..et demi

Température
0 degré centigrade

                       

l’hiver, au 8 rue des grenades

3 ou 400 ?
coups
….. de théâtre

Train-avion-bateau
départ 21h02 de Viorne Petit Bourg

                       

village de mon imaginaire


arrivée 20h10 le même jour


avec décalage horaire


à Sydney, Pointe à Pitre ou Yamoussoukro.

Je ne fais pas mon
âge

comme dirait la
cinquantaine.

Œufs
une douzaine

Dieu ?
l’éternité devant


l’éternité derrière.

Nuages
quelques uns


tout cumulus, tout cirrus, stradivarius
heureux,


tout ciel gris, tout ciel bleu.

Moi, femme 8 litres de
sang, 10 litres d’eau


des milliers de neurones, des milliers de
cellules


1 cœur, des tripes        à la
mode poème, virgule et chant


à la mode vaisselle, linge et fourneau


soit 1 km de boyaux.

Le soleil se lève sur la
vieille cité, bâtie en 1044.

L’histoire
persiste, l’homme résiste, les siècles se
battent.

Le boulanger allume le
fournil :
il est
5 heures


tous les jours sauf le lundi.

7 fois 77 fois ou
l’art de pardonner à son frère.

L’eau qui bout
100°

Ma colère un volcan
800°

Ma passion
la
lave
1200°

Ma
joie        un
rossignol       et un
pinson.

Plus jamais le
néant.

Un album de BD a toujours
48 pages.

L’écriture une
pincée de sel


2 grammes de sucre


1 sachet de levure.

La
quadrature :  du cercle

Le
théorème :
de Pythagore

Equation, binôme,
abscisse, et score

Mon tout égale un
aujourd’hui, propice, encore….

Moi,
élément,


logarythmique expansive,


pensive tendant vers l’infini,


avec l’amour, ni plus, ni moins,


multiplié par 10

et je retiens
1,

TOI.

Au
centre.

michèle rosenzweig-
« cocagnes »

mamie ninouette

mamie ninouette mamie-ninouette.jpgvieille ariégeoise : dessin d’imagination au crayon

Mamie Ninouette

Ce n ‘est rien qu’un
petit trognon de chou

Un chou de Bruxelles en quelque
sorte

Planté d’un clou de
girofle

La jolie trogne de mamie
Ninouette.

       

Un chou de Bruxelles en quelque sorte

Fripé veiné et un peu
dodu

Un clou de girofle

C’est son parfum de pain d
‘épice

       

Une jolie trogne rose

Avec un air entendu de
fillette

Qui aurait les cheveux
blancs.

Une potée de bonne humeur, un
chou farci de gentillesse

Mamie Ninouette

C’est la recette de sa
vieillesse

Qui blague avec le
temps

Avec la
vie
Avec la mort

Montée sur
ressort


Elle ressort


Ragaillardie.

Elle a 100 ans et
demi.

100
ans
100 ans

d’eau de vie, de pissenlit,
de roquefort


et de pain bis.

100
ans
100 ans


d’eau , de lit, de roc


et de mie.

100 ans et un demi
tour


un demi temps


un demi sourire


un demi ton


un demi plaisir.

Mamie Ninouette, ne veux tu
jamais partir ?

Ta soupe petits légumes commence
à vieillir

Ma pomme chou, ma tarte aux
fruits.

Allez Ninouette, ta dernière
coquetterie

A la bonne franquette

Prends ton temps et
va-t-en

Planter des choux avec toute ta
tête

Dans l’au delà des bons
vivants.

 

Michèle
Rosenzweig- 
« le
panier aux mots  »