Les murs
Devant. Mur. L’absence.
Derrière. Mur. L’indifférence.
Droite. Mur. Isolement.
Gauche. Mur. La haine.
Plafond du silence.
Sol de la survie.
Quatre murs, deux chapes et ma prison.
En chaque mur, j’ai posé ma pierre
Tissé mon piège d’araignée
Heurté mon front
Passé ma main.
J’y ai senti le grain rugueux
L’aspérité coupante
Le joint caillouteux
Le ciment froid.
Le dur du combat.
Le lisse de l’attente.
Le gris sale et obsédant des douleurs.
Le nu, le dépouillement.
Le cognement de l’affront.
J’ai repoussé les murs avec persévérance.
J’ai crépi les murs de ma voix.
J’ai accroché sur la vermine mes tableaux de vie.
J’ai fleuri mes cloisons de la liberté de
l’esprit.
J’ai planté une vigne vierge suspendue sur le vide.
J’ai dessiné une fenêtre pour penser mieux.
J’ai taillé une porte pour partir mieux.
Et je me suis retrouvée dehors
Abasourdie par les possibles.
Mes murs se sont changés en maison
Pour aller et venir comme me chantait bon.
Mes murs ont revêtu des saisons
Et des papiers peints colorés
Mes murs de haine ont fondu leur acier
trempé
Sous le feu blanc du pardon.
Mes murs des montagnes ont soulevé
En une amoureuse éclosion.
Car sous mes murs il germait des graines portées par le
vent.
Roses trémières tenaces et altières,
Grandes fleurs des mois de juin
Racines comme des socs creusant le ciment
Ont rajeuni de rose les vielles pierres dormantes
Cloîtrant la belle habitante.
Et sur les siècles, les longs siècles de fermeture
Le ferment de ma libre foi a cru
En un ciel au dessus toujours ouvert en grand.
Jardin a poussé dans mon enclos
Près du vieux mur de pierres
Qui sépare ma terre
De celle du ressentiment.
La pierre et le bois s’y racontent enfin des
promenades.
Dieu mettrait-il des fenêtres au ciel
Ou du ciel aux fenêtres ?
Chaque mur se repousse avec la force d’un doigt
Qui plante une espérance.
Plus haut plus loin saisis la, ta délivrance…
Ouvre toi,
Si tu ne peux ouvrir que toi.
Michèle rosenzweig- Cocagnes -poèmesÂ
« En un ciel au dessus toujours ouvert en grand » *
C’est Dieu qui me frôla, c’est Dieu qui me suivit !
Les murs de l’au-delà sont des fleurs que l’on prend
D’un geste délaissé, d’un regard qui surprend,
Les murs de l’au-delà… s’ouvrent à toute vie !
Alain Girard
* Michèle rosenzweig- Cocagnes -poèmes
J’aimeJ’aime
Que dire après M. Alain Girard … Il a tout dit et bien dit .
J’aimeJ’aime
merci de ce poème impromptu…. les hommes ont construit trop de murs et pas assez de ponts , dans une citation sans nom qui me revienne . merci pour ce pont de votre poème !!! oui le ciel est toujours ouvert à qui veut le regarder , voire l’appeler
J’aimeJ’aime
appeler le ciel, c’est invoqué le Nom de Dieu, si non
les murs, que les Hommes érigent partout, ne tomberont jamais!
C’est, du moins, ce que je crois….
J’aimeJ’aime
dieu est ma liberté première et essentielle Monsieur Girard et je vous rejoins tout à fait
J’aimeJ’aime
Minis pessimiste à la fin… heureusement ! Chris
J’aimeJ’aime
faire tomber les murs en soi prend du temps c’est pourquoi au début nous sommes accablés et à la fin nous sommes délivrés .c’est mon expérience . pessimiste ? ou réaliste ? je vois dans mon quartier , je suis la seule à ne pas avoir construit de cloture ou de mur autour de mon chez moi ! ça me navre . protection, peur ,individualisme , égoîsme, les voisins se cloitrent chacun pour soi .
J’aimeJ’aime
ce matin,comme tous les matins,j’appelais le ciel,justement…et je viens de te rencontrer et de te lire :quel bonheur !
à bientôt,çà me paraît essentiel !
J’aimeJ’aime
Je ne vois pas les murs de la même façon : c’est une protection pour moi avec la possibilité de les quitté quand je le veux mais d’y revenir pour m’y sentir à l’abri…
De tout temps l’homme a rêvé de construire des murs pas forcément pour s’y enfermer mais pour la beauté qu’ils représentent.
J’aimeJ’aime
c’est vrai qu’il y a des beaux murs ceux des vieilles pierres, des belles briques. un vieux muret dans le quercy est si partie intégrante de la nature et du paysage
J’aimeJ’aime