ouvrir des portes qui se ferment un jour ou l’autre, enfoncer des portes ouvertes , se cogner à des portes fermées, attendre que la bonne porte s’ouvre, voilà le début d’un poème , non ? ou d’un essai philosophique !
spleen de printemps des poètes : j’écris depuis 35 ans dans l’indifférence générale.
frontières : le thème de cette année. frontière invisible entre moi et toi, lecteur improbable
Instant d’attentat
Crotouille, gribouille,
Mes mots ont une âme secrète
Ils ne sont pas pestilentiels
Ils exhalent pourtant je les défèque.
Serait-ce un charabia d’Oulipo
Qui les rende insurrectionnels ?
Vitesses, progrès, sciences illusoires,
Guerres et nouvelles de guerres
Où l’on ne sait plus qui croire,
Criantes Misères, modes éphémères, et marchands de canons,
Les hommes ne savent plus qui ils sont
Mais ils usent de pouvoir,
Du messire poète ils font peu de cas.
Marginal dans son mouroir.
Ainsi, le soleil jamais ne s’assassine, il prodigue
Et si chaque soir il décline, jamais ne se fatigue
Et à l’autre bout du monde réapparait
Libraires qui ne me vendez pas
Éditeurs qui ne me publiez pas
Vous ne tairez pas ma voix d’or et de brocante
Je revendique cet instant d’attentat,
Je clame mes vers dans des spectacles interdits
Sur les petites, toutes petites scènes des partis pris
Non, vous ne tairez pas mes sept vies de chat
Ma vie est éternelle, en elle je rebondis
Mon chant jamais ne se muselle avec du vert de gris
Il me faut la nuit froide et le thé chaud
Pour que se réveille ma famine
La reconnaissance miroite son inaccessible vitrine.
Mots sucrés à ma bouche, miellée des arpèges,
Je vous revêts dans ma promenade d’ici bas
Comme une alliance d’arc en ciel
Dans un pays de neige
Et peu importe si ma voix porte ou pas
Je passerai la porte sans fracas
Dans ton cœur, poésie, entends-tu mon branle bas ?
Avec mon panache je salue
Mort quotidienne la bravoure qui te tue.
