
la maison au cyprès -bruniquel-pastel aquarellable
Matin d’été
Lent scintillement de criquets, de grillons et de cigales
Dans l’air bleu.
Sur quelque herbe sèche
Se balance l’insecte nerveux
Au milieu des prés drus et des chemins pentus.
Jaunes éclaboussures de soleil
Qui planent, suspendues et subtiles
Comme des oiseaux de proie presque immobiles.
L’horizon soulève des forêts,
Au loin la plaine et ses regrets…
Sur le coteau qui tressaille au vent,
La méridienne pesanteur
Fait croire au ralenti du temps.
Mais il y a des vies d’hommes
Sur cette terre franche
Qui vaquent comme des abeilles et bourdonnent
Entre les murets de pierres sèches
Et les clôtures qui segmentent les nudités éparses
Et les labeurs comparses.
Des volets bruns ouverts
sur une cuisine d’ail et de thym
et dehors sous le tilleul bienfaisant
la table se dresse pour partager le pain.
Bientôt le calme silence fera place
aux voix des hommes qui trinquent
A celles des femmes qui rient
Et tout l’or du monde ne vaudra plus rien
Autour d’un verre de vin et d’un savoureux rôti.
C’est dans l’été plein
Que se gorgent nos âmes d’eau lumineuse et vitale
C’est dans l’été plein
d’éclats de joie et de soleil
Que la vie soudain
Parait à son comble et éternelle.
Mûr comme l’épi, léger comme le papillon,
L’amour remplit tout,
Les monts et les vallons,
Le ciel et les champs,
Les cœurs et les corps,
Les doutes et les peurs,
Les vides et les creux
de nos passagères existences,
avec une frugale et belle acceptance.
Et dans le rire des senteurs d ’herbes et de
fruits,
La joie dit à l’été son grand merci
Et soupire d’aise et de connivences
Autour de la table qui réunit
Tous les bruits et tous les silences.
Michèle Rosenzweig- Cocagnes