
un conte, où Dieu est
présent . dérangeant ? peut être pour certains ……loin de moi
l’idée de faire de la morale, peut être une réflexion sur la
douleur humaine tout simplement , et sur celle du Christ….. oui
très dérangeant décidément ….
cela peut rester une
histoire comme tant d’autres , cela peut être le sujet d’une
réflexion, à vous de voir ….
DE QUEL BOIS EST FAIT TA CROIX ?
Conte chrétien de Michèle Rosenzweig
Il était une jeune femme nommée Mésange, parce qu’elle
était aussi insouciante et gaie qu’un oiseau du ciel. Elle
avait épousé par amour un chrétien ni beau ni riche mais qui aimait
fidèlement son seigneur. Ils demandaient à Dieu de bénir leur
amour avec un enfant ….qui ne venait pas. Mésange avait fait
une première fausse couche en se disant : le Seigneur me
laissera une autre chance. Une autre chance s’était annoncée
après deux ans d’attente, et elle venait de perdre le
bébé à son troisième mois de grossesse.Mésange avait perdu la joie
de vivre et criait secrètement à Dieu sa révolte :
Pourquoi moi ? Pourquoi cela m’arrive-t-il à
moi ? Pourquoi cette croix à porter ? C’est injuste
et trop lourd !
Sa voisine Mélodie avait 4 enfants et un mari, une maison à
faire tourner, et se plaignait sans cesse de rester à la
maison toute la journée à s’occuper seulement du ménage, de
l’éducation des enfants et de plaire à son mari, une crème
d’homme qui la choyait.
Elle en a de la chance, ELLE ! Elle ne voit pas son
bonheur, ELLE !
Soupirait le cœur plein d’envie de Mésange.
Le Seigneur dans sa grâce et son amour, l’entendit et vint
un jour dans sa plainte lui proposer un marché :Voici 3
croix plus belles l’une que l’ autre. Laquelle
veux tu porter à la place de la tienne ?
La première croix était en or massif. Le Seigneur
dit : Cette croix appartient à un homme très riche.
Oh c’est facile pour lui, dit Mésange, avec
l’argent on peut presque tout.
Presque, en effet, dit le Seigneur. Ecoute plutôt.
Richard, dis à Mésange , de quel bois est fait ta croix.
Richard :
Je compte, je calcule, je fais des courbes de rentabilité et des
graphiques de bénéfices sur mon ordinateur toute la journée pour
que mon argent me rapporte et soit bien employé.Je vis dans les
chiffres et les centimes, et quand je donne pour toi Seigneur,
c’est par chèques interposés. J’en arrive à calculer
mon amour pour les autres à force de tout calculer, et personne ne
m’aime que pour mon argent. Je ploie sous les euros, les
dollars et les yens, et les responsabilités, je ne connais que le
sourire des banquiers et des politiciens. Mais je suis seul,
Seigneur, terriblement seul, et tu es le seul qui saches mon
immense solitude, dans tout le confort matériel où je baigne.Rien
ne me satisfait sauf acheter et vendre, et encore c’est un
plaisir qui ne dure pas.J’ai plein de choses à moi, et elles
se cassent, se jettent et se rachètent. Les choses me mangent le
cœur, Seigneur ! Même le pouvoir que procure
l’argent n’a pas de goût, tout y est ruse et
dissimulation, magouille et scandale. Je n’arrive pas à
garder mon honnêteté, mon intégrité sans ton aide…
Mésange :
Quelle croix trop lourde pour moi que cette croix
d’or !
Le Seigneur :
Voici une deuxième croix alors.
C’était une croix pleine de fleurs et de perles,
ravissante et parfumée.
Le Seigneur : Voilà une croix plus légère sans
doute ? C’est celle d’Isabelle, la très belle
Isabelle. Isabelle, voici Mésange. Parle lui de ta croix.
Isabelle :
Depuis toute petite, je suis très belle. J’étais
l’adoration de mes parents, de mes grands parents, la
préférée des garçons, et la jalousie des filles. Très tôt,
j’ai appris à user de mon charme et à parfaire ma
beauté. Rien n’était trop beau pour moi, les habits élégants
et raffinés, les parfums, les fards, les bijoux. Mes yeux
magnifiques m’attiraient une cour d’amoureux
brillants, et finalement je m’en choisis un, le plus beau de
tous.Je m’arrangeais d’un bonheur un peu superficiel,
car tout le monde nous admirait, et même nos enfants étaient
beaux.Les gens m’aimaient, et m’adulaient, grâce
à la beauté de mon sourire, de ma taille fine, et de mes cheveux
qui cachait un cœur vain et séducteur, cherchant leur
approbation avec des battements de cils et des sourires enjôleurs.
Seigneur, maintenant je suis vieille et je n’accepte pas mon
visage ridé, ma peau flétrie et mes cheveux gris. Je n’ai
plus de cour autour de moi. Je n’ai que toi, et un vieux mari
tout ridé et rempli d’embonpoint que j’ai du mal à
supporter.
Mésange :
Cette croix, Seigneur, cache bien trop d’épines dans ses
fleurs !
Le Seigneur : En voici donc une troisième.
La croix était d’une blancheur éclatante éclairée de
lumières et de paillettes.
Le Seigneur :
Celle là, peut être ? Elle est légère et n’a pas
d’épines. Elle est comme la neige qui tombe en hiver,
immaculée et scintillante.Ecoute Dolorès, elle te raconte de quoi
est faite sa croix.
Dolorès :
J’étais une grande danseuse, très douée, une
véritable artiste, j’avais la gloire, on parlait de moi dans
les journaux, on venait me voir danser de partout dans le monde, et
j’allais danser dans tous les pays du monde. Tu as sans doute
entendu parler de la granda signora Dolorès Dansarita ?
Non ? Ah bon…Mais c’est chose normale. Il y a six
ans, j’ai eu un grave accident de voiture . J’ai
du subir 4 opérations, tellement j’étais abîmée. J’ai
bien failli mourir dans l’accident et dans la salle
d’opération.Les docteurs n’ont pas pu empêcher la
paralysie.Depuis 4 ans, je suis sur un lit. Mon seul paysage est la
blancheur des draps, la blancheur des murs, et la blouse blanche de
l’infirmière. Je ne peux plus danser sauf dans mes rêves,
alors j’écoute de la musique et je prie mon Seigneur, comme
jamais je ne l’avais fait auparavant.Mon pasteur vient me
lirela Bibleune fois par semaine dans une langue qui n’est
pas la mienne.Mon plaisir est de regarder les oiseaux par la
fenêtre sur le rebord de laquelle mon amie Consolation met
régulièrement des miettes et des graines pour les attirer.Pour moi.
Consolation vient chaque jour.C’est une étrangère comme moi
dans ce pays où je suis clouée. Elle est la seule qui parle ma
langue. Avec le Seigneur, qui comprend la prière dans toutes les
langues de la terre.
Mésange :
La blancheur de cette croix pour moi est
glaciale !
Le Seigneur :
Donc tu ne veux aucune de ces croix ? Il m’en
resterait bien une à te proposer, mais ….elle est bien
ordinaire.
Mésangr :
Oh, oui Seigneur, s’il te plait dans ta bonté
…. !
Voici la croix que je te propose, c’est la dernière :
elle est en bois , toute simple, bien cirée, avec un coeur gravé au
centre. C’est celle d’une jeune femme qui aime et qui
est aimée. Elle n’est ni riche, ni belle, ni célèbre. Elle
n’est ni solitaire, ni vieille, ni paralysée, mais elle
a des tribulations, comme tous les chrétiens de tous les
temps et de tous les lieux. Elle a subi deux fausses couches, et
craint de ne pouvoir jamais avoir d’enfant .
Mésange :
Mais c’est ma propre croix , Seigneur !
C’est celle que je peux seule porter, et la seule que je peux
porter, n’est ce pas ? La beauté de cette croix me
suffit largement .Merci de ta sagesse et ta bonté !
Le Seigneur :
Va Mésange, tout est bien.Suivre le christ, c’est
aussi être crucifié avec lui, dans une bien moindre mesure. A
chacun sa croix. Il a porté celle que personne ne pouvait porter.
Il y a autant de croix différentes que de chrétiens qui suivent
leur seigneur, et Je sais laquelle chacun doit porter, non pour son
malheur, mais pour son bien éternel.
Mésange mit au monde son 1er bébé l’année qui
suivit. Elle l’appela Petitcoeur. Elle crut ainsi au miracle
et grandit dans sa foi.Et sa croix en bois toute simple ,
bien cirée, avec un cœur au centre fut portée avec joie,
patience, persévérance et reconnaissance dans toutes les années de
sa vie ici bas.
Car elle savait qu’elle aurait pu porter une croix
en bois, toute simple, bien cirée, et sans petit cœur au
centre. Mais Petitcoeur Beaubois n’aurait jamais été
missionnaire et pasteur dans l’église libre du Royaume de
Siam quand la dictature fut tombée. Et cela est une autre
histoire…
Quant à moi, qui vous conte cette histoire, je suis Mélodie.
Vous vous souvenez ? La voisine aigrie de Mésange. Le Seigneur
m’a appris à raconter des histoires, à mes enfants, aux
enfants des autres dans la bibliothèque de mon quartier, et à
l’école du dimanche à l’église que je fréquente. Il
m’arrive même , comme aujourd’hui de raconter aux
grands.Et pourtant je n’ai été qu’une simple mère au
foyer, mais j’aime être devenue la conteuse du Seigneur, car
dans chaque croix, mes amis, il y a un trésor à trouver :
c’est le grand cœur du Seigneur, au centre !